lundi 17 mars 2008

La Fée-line

Je fis, un jour, à une fée siérine,
Une fille faée, un rien féline.

Fine comme une aiguille, c'est un chat
Que le fil des jours mène au loin de moi.

A chat que fête, pour nos retrouvailles,
Mon chat, l'ange, est bien sûr que ce chat m'aille.

Vive et sauvage comme l'herbe folle,
L'herbe à chat, Elle dont le vent raffole...

De son regard qui fait le chat s'marrer,
De ses yeux d'outremer d'un bleu perçant,

Des vagues de sa blondeur, chat-marée,
Elle t'envoûte telle un chat-huant.

Mon coeur-chat vire vers ma belle enfant,
Dont les chats-mots traversent mon désert,

Et dont l'indépendance, si chat lent,
Si chat fouine, trouve, elle aussi, les vers...

Eh ! Toi.. Le garçon ! T'attends qu'elle te t'chatte ?
Chat ou pas chat, tu sais pas c'que tu rates !

Ma fée-line est dans son monde un peu froid,
Là-bas, Elle te vit, Elle, en beau chat...

Et voilà : Le destin, ma chatte, y est,
Ton papa retourne a son chat t'aimant.

L'effet, l'instant, le chat grinçant, qu'il cesse,
Comme un chat pelé pour t'offrir des messes.

Le petit pêcheur

Je pêche le vairon
Pieds nus dans l'Aveyron
Au piano des galets
J'vois mon bouchon danser.

Je pêche le mulet
Dans l'estuair' de l'Odet
Les rochers de l'estran
Colorent mes cinq ans.

Je pêche l'éperlan
Au bord de l'océan
Mon lancer-moulinet
Se moque des marées.

Du lac Pavin lever
Un omble chevalier
Dans mes rêves têtus
C'est déjà du vécu.

Je pêche aux petits rus
L'alose et le hotu
Je montre et je suis fier
De mon petit bestiaire.

Plus tard la truite hier
Pêchée dans la Truyère
Rejoindra le goujon
Pêché dans le Verdon.

Et guetter le saumon
Près de l'Aven Belon
Remontant l'embouchure
Des rivières futures.

De Loire le silure
Grand rêve qui perdure
J'irai puiser la faune
Du Rhône et de la Saône.

Plus tard comm' le grand Meaulne
J'irai pêcher dans l'Aulne
Taquiner le brochet
De vairons embrochés.

La tanche du Loiret
L'ablette de l'Allier
J'irai chercher dans l'Oise
Un reste de vandoises.

En attendant l'ardoise
D'une horloge sournoise
J'irai pêcher en Seine
Un reste de chevesnes.

J'irai sur le Goyen
Pour pêcher la sirène
Comm' mon papa jadis
En a eu fait son fils.

mercredi 12 mars 2008

Cabinet vacant

Clic ! Clac ! C’est le bruit !
Le verrou qui sonne…
Le ver ou le fruit,
La feuille d’automne
Où c’est qu’on s’essuie,
La cuvette étonne
Et tes tonnes s’enfuient
Et des rondes cartonnent…
L’évêché fermé, maison close…
Dans le secret des alcôves,
Ca sent pas toujours la rose,
Mais le vétiver au papier mauve,
Colle à ces petites pauses,
L’odeur de sainteté qui sauve !
Clic ! Clac ! On ouvre !
Qu’elle a l’air bébête !
Dans les gall’ries du Louvre,
Sur les toiles ou les toilettes,
C’est bien souvent qu’on trouve
Cet air de midinette.
Je change de métier : Vachier, pardon… Vacher !
A r’garder les troupeaux
R’garder les trains passer
Je m’ sentirai moins veau
Que près des cabinets,
Et de leurs mortes-eaux.
Pendant qu’à ça je pense,
Mademoiselle fière,
Pour sauver l’apparence,
Du vacant ministère,
Reprend la contenance
D’un lavabo de pierre.
La machine à dessous fait sa toilette à deux sous,
La chasse est ouverte,
En coule une eau toute verte.
La jeune fille alerte à l'air de se reconnaître,
Dans un portrait si dissout
Qu'emporteraient nos pissous :
Une fausse sceptique !

Le rateau

Qui marche sur ses dents,
Le prend en pleine tronche,
Car tel est l'instrument,
Qui souffle dans les bronches !
Le râteau me méduse !
Il est imprévisible,
Et des jeunesses s'usent,
Sous ses dents irascibles...
On croit tenir enfin,
L'objet de ses désirs,
Et l'outil de jardin,
Vous laisse les soupirs...
Parfois les ouvertures,
Sont un peu trop fermées,
Du coup, c'est pour conclure,
La porte sur le nez !
On dit les feuilles mortes,
Ramassées à la pelle,
Ben moi, c'est au râteau,
Qu'ell' pointent à l'appel !
Pourtant je dois l'admettre,
De mon côté aussi,
C'en sont des kilomètres,
Qu'aux autres j'ai servi...

lundi 10 mars 2008

Les petits riens

A Jean-Claude qui a su faire rimer
Le mot « retraite » avec « poète »,




Quelques photos dans un bouquin,
Ma mère et mes enfants en parchemin,
Ces océans de petits riens,
Mare nostrum, tu es si loin !


Les années passent comme les secondes,
Et l'heure d'hiver s'installe,
Bien loin des épouses fécondes,
Trop près de notre issue fatale.

Mais au bilan de ce chemin,
Il reste encor notre épilogue,
Parfois plus long qu'un jour sans fin,
Et plus riche qu'un monologue.


Quelques objets à quoi tenir,
Des montagnes de souvenirs,
Des années d'étés et de rires,
Des jours de pluie, de déplaisirs !


Surpeuplés de rétroviseurs,
Nous regardons le tachymètre,
Et nos vitesses au compteur,
Et s'ajoutent les kilomètres.

Mais sur nos autoradios,
Repasse encor cette musique,
Elle rappelle à nos vieux os,
La joie de vivre et l'Atlantique.


Dans le sourire des enfants,
Leur inconscience d'innocents,
Se lit ce résumé flagrant,
Ces petits riens, ces océans !

Les petits pas

Même en pointillé,
Je continue,
Je continue d'espérer
Que rien n'est perdu,
Ni le temps de l'été,
Ni le tain qui le tue,
Ni ses miroirs brisés
Pour lesquels on s'est tu,
Ni tes frôlements légers
Quand t'étais court vêtue,
Aucun moment n'est rêvé
Dès lors que tu l'as vécu,
Qu'à ce qui nous a séparé
Nous auront survécu,
Laisse donc aux marées
Le choix du reflux,
Laisse donc aux mariés
Le choix du refus,
Laisse-toi donc échouer
Entre mes bras tendus.

J'ai des cités corsaires
En infinies multitudes !
Des millions d'univers
Et nos incertitudes...
J'ai mon coeur tout offert
Et ma mauvaise habitude,
Je crois dur comme fer
A ta sollicitude...
Alors laissons-nous faire
Comme on laisse un prélude
Apporter un peu d'air
A la bête attitude,
A nos peurs, à nos pierres,
A nos remparts si rudes,
Que notre âme s'y perd,
Que nos passions exsudent.

Laissons-nous nous soigner
Comme d'un mal fini,
Laissons-nous nous aimer
De ces pas tous petits,
De ces pas pointillés,
De ces pizzicati
Que tu es venue semer
en jolie mélodie.
Nous avons nos passés,
Nos enfants ont grandi,
Nos jeunesses fanées
Nous laissent ce répit,
Pas si vieux mais blessés,
Nous croyons à la vie,
Laissons-nous l'écouter
Puisque tout est sursis...

dimanche 2 mars 2008

Je change de métier !

Je m'suis dit : Je change de métier !
Médecin des âmes, fatigué,
Je s'rai beaucoup plus heureux
En fabriquant des boites à meuh !
J'aime ce son mélancolique
Ce meuglement faible et tragique
Qui sort quand on met à l'envers
Cette boite de Camembert.
Et cette image si jolie,
Qu'elle hante mêm' toutes mes nuits,
Ce bovin sur l'herbe verte alangui,
Autour d'une boite en fer blanchi...
C'est une gageure de concevoir
Cette poésie, cette oeuvre d'art !
Il faut méticuleusement
Percer les trous du bruit sortant...
Puis avec un diapason,
Jauger la qualité du son :
Pour chaque boite le LA doit être atteint,
Sinon poubelle c'est son destin...
Ensuite il faut sereinement
Coller l'image en la tournant
Autour du joli récipient
De bruit d'alpages, de bruit de champs...
Fin prête alors, pour finir
Chez un marchand de souvenirs,
La boite à meuh fera sourire
Les minots qui vont l'acquérir !
Médecin des âmes, il en a marre
Des rimes cruelles, des mots barbares
Il a comprit que pour soigner,
Il vallait mieux fair'rigoler !

samedi 1 mars 2008

La fée qu'a la bosse !

La jolie fée qui s'est cognée !
Pas de fessée qu'elle n'ait eu...
En retombant dessus son nez !
Pas de faits laids qu'elle n'ait tu...

Je hais ce fauteuil aux bras nus,
Qu’il faut en manchot transformer,
Tout le mobilier malotru,
Qui des fées, les cheveux peignés,
Fait des raies souvent défendues...

Ma jolie fée qu’est sur le cul !
Du joli bleu qu'elle s'est fait,
J'aimerais tant souffler dessus,
Comme un accent au front blessé...

Son sourcil a l'air incliné !
Mais, dis ! Fée ramant dans le blé,
Dans la semoule ou dans l'oeuf crû,
Ainsi, avec ton oeil poché,

Tu pourrais nous faire un menu...
La jolie fée dort qu'à moitié !
La jolie fée debout tient plus...
Ell' fait des rations pour manger !

Mais fées-cul-lent, c'est bien connu...
Je la sais, là, se rebiffer !
Ma fée aux dalles va manger,
Et d'un festin si bien repue,

Puisque les ail' ne pouss' qu'aux fées,
S'en ira dormir dans les nues...

Le poète et la fleuriste

Y'a un p'tit poète
Qui pèse pas bien lourd,
Dont les pauvres textes
Sont remplis d'amour,
Ne sont qu'un prétexte
A passer les jours.
Y'a une p'tite fleuriste,
Belle com'le jour,
Avec un coeur triste
A pleurer toujours,
Douée comme une artiste,
Blessée dans sa tour.
Un jour le p'tit poète a rencontré la p'tite fleuriste,
Ils se sont souri, se sont pris la main puis se sont dit :
"Toi, le p'tit poète, remet dans mon coeur, un air fantaisiste !"
"Toi la p'tite fleuriste, remet donc des fleurs, dans ma poésie !"
Y'a un p'tit poète
Qui sait qu'elle existe,
Qu'elle est bientôt prête,
Sa jolie fleuriste,
Que c'est jour de fête,
Pourvu qu'il insiste !