lundi 21 décembre 2009
Aléa
où l'autre hiberne certains soirs,
sans repriser les représailles
sur quoi lui ne peut s'asseoir.
C'est la face triste du monde,
l'odieux Janus est constipé,
et sa grimace quoiqu'il fonde,
est laide et stéréotypée.
Les jours s'en vont comme des herbes
lancées au vent pour l'humecter,
et nos provences se désherbent
des faims qui sont insuspectées.
Parfois l'orage tonne aussi,
son poids de plombs sur les plateaux
de la balance pèse ainsi,
pesant que de penser plutôt...
Les jours s'en vont, quoiqu'il en soit,
et le temps comme des bas file,
se moquant de tout quant-à-soi
et des humeurs aquariophiles :
laissez-lui le pouvoir du beau,
des éclaircies et du soleil,
si vous le pouvez, mettez haut
sa belle bannière arc-en-ciel.
mardi 8 décembre 2009
Calligrammairien
mardi 24 novembre 2009
Simulateur de viol
le viol en voile est au spleeneur,
en voile impudique à la scène,
théâtre des passions malsaines.
En voile d'une pluie moisie
dont le rideau sans lui, moi si !
ne décrit plus rien d'autre que
des goûts déplus et variqueux.
Parler de soi, c'est une impasse !
si l'on oublie que le temps passe,
et qu'au présent les confessions
du trouble et de la contention,
conduisent à des camisoles,
comme on dit que la came isole :
l'égocentrisme est la prison
des chansons que nous méprisons.
Pleurer sur soi se fait en douce,
loin des regards, lorsque l'on tousse,
qu'on est rongé par un cancer
aux métastases chélicères ;
la poésie est pour la vie
qui reste, en cultivant l'envie
de l'autre, en l'emmenant ailleurs
des tombes dont on a tailleurs...
J'ai tant traîné sur Internet :
j'ai découvert de grands poètes
et d'impudents imitateurs
de nos géniaux agitateurs.
Nul ne s'invente Baudelaire
et le spleeneur dans son enfer,
des vers dont il se patafiole,
est un simulateur de viol !
jeudi 19 novembre 2009
Le cordon
Ce matin-là je n'eus pas, las,
faveur inaugurale, hélas,
de me voir couper l'ombilic
de père au vague à lame oblique ;
relié de trop près à sa mère,
comme un beau cadeau métamère,
je laissai donc à son office
celle qui me tendit mon fils.
Ce sont passés déjà neuf ans,
le temps passe comme le vent,
mais laisse son empreinte ignée
mieux que fers aux œuvres signées,
mieux que forceps, accouchement,
mieux que biceps en couches ment,
mieux que je ne saurais l'écrire,
moins bien que l'amour qu'il inspire.
Ce matin pluvieux de novembre,
quand d'une idée vinrent des membres
et l'âme qui les accompagne
du ventre rond de ma compagne,
je n'eus d'éclaircie que l'azur
des bleuets de son regard pur,
et de mes larmes contenues
le bain de ce petit corps nu.
Ce sont passés déjà neuf ans,
le bébé garçon devenant,
marchant, parlant, pleurant, pêchant,
sans que jamais ne m'empêchant
nul éloignement de chevet,
de ce que filiation revêt,
ni nulles lieues de sacrifice
à le considérer mon fils.
Ce matin pluvieux de l'automne
et dont Verlaine fit des tonnes,
il reste à nous tant que l'on tord
entre messieurs Pratt et Victor,
les doux mouchoirs de ton prénom
et les espoirs dont tu pris nom,
comme les linges qu'on essore
du premier bain dont j'eus le sort...
Ce sont passés déjà neuf ans,
pourtant, de ce premier levant,
ce sont tant d'autres à venir
qu'il faut songer à l'avenir.
De mon amour inexpugnable,
je dois t'écrire l'indéniable :
il nous faudra couper, mon fils,
le cordon pour que tu grandisses.
jeudi 5 novembre 2009
M est Moi
Quand je m'y accroche à la lettre,
à la putain de mandibule
qui m'est Rien à défaut de l'Être,
je ponds des versets et des bulles !
La maladie de l'écrit s'attrape
en postillons de mort restante,
en alexandrins de satrapes,
en Samarcandes sans patentes !
Je crie sur un ring comme on boxe,
à coups de poings, à coups de grappes
fleuries de mots dont je m'intox'
avec ma gueule en sac de frappe !
Je suis ptérodactylographe :
mes L sont des Liens écorchés
aux gouffres de mes paragraphes,
et de mes cordes cravachées.
Mais je m'envole au firmament
de tant d'étoiles scapulaires
que même en tant qu'infirme amant,
j'en vendange un muscat polaire !
Papier glacial ! Décalotté !
En mal d'aurores boréales,
il colle à mes déculottées,
à ma galère, à nos réales...
Faut-il crever des résonances ?
Percer les caisses de guitare ?
Estafiler les assonances ?
Ou ravauder toutes nos tares ?
M est Moi, et P est épais...
Pourquoi faut-il avoir des lettres ?
M est Moi, M est Moi, siouplait !
J'en banderai mes arbalettres !
M est Moi, et P est Pelé...
Couronnons le roi des fous d'bol !
M est Moi, M est Moi, fêlé :
Laissez aux cloches leur obole !
lundi 28 septembre 2009
L'écrivain vain
de pauvres rimes révolues,
de vers véreux virant au vert
qu'en vérité revêt calvaire.
Car, vu vos vœux, l'écrivain vain
qui évolue vers le divin,
ou vers l'enfer qu'en vaut l'envers,
voulait la vie qu'on vole en vers.
Que dévolues, vinrent des voies
(qui dévaluent de vive voix
la valeur vouivre de la verve)
valut qu'il vit là qu'on l'énerve...
Viride en volve de vulvaire*,
l'écrit vient vendre un vieux dévers,
et les violents vides vocaux,
l'évident voleur évoque haut.
Villon l'avait, le verbe d'or
et les levures carnivores,
lui le vilain vêlant d'hivers
sous des violons velus de vair.
L'écrivain vain c'est Gulliver,
levant le vin, levant le verre,
devant le vent, devant l'ivoire
des vies d'avant dont va l'avoir !
De le valve au vaisseau-lavoir,
(dévidée du vrai de la voir),
l'écrivain vain vient l'enlever
de l'ivraie dont il va lever.
* Afin de lever toute ambiguité, La "vulvaire" est une plante des décombres...
http://www.tela-botanica.org/eflore/BDNFF/derniere_version/nn/16937
dimanche 27 septembre 2009
Mousse harassé
à la courte paille dans l'œil,
duquel les voies qu'il mena virent
à revenir faire son deuil.
Il est un tout petit vaisseau
qui éclate de s'être encorné
sur les lames de raseurs sots,
où n'est plus que mousse harassé...
Ce dernier, titubant tout bas
sur le peint pont d'un soupirail,
veut n'isoler de nuls débats
ce silence, où que le soupir aille...
Il fredonne un air enfantin
pour masquer le fait qu'il soit seul,
les autres, un drame en font un
pour s'en draper dans un linceul.
Lui, il repense à ces mers rouges
de soirs au soleil hémophile,
aux baisers où les langues bougent,
et de sa bouche les mots filent.
Un vieil air enfantin, barbare,
aux paroles anthropophages,
et pourtant, il est à la barre,
bravant dérives et naufrages.
Que ne construit-on de châteaux
de sable, hantés par la marée
qui revient inlassable et tôt
au souvenir de la mariée ?
Il est un tout petit navire
guidé par son mousse harassé,
dont jamais le cœur ne chavire
sinon quand il est arasé.
samedi 26 septembre 2009
L'aiguilleur de bois
Quand la forêt se met en marche
(puisque les arbres sont vivants),
que les racines se font arches
de noyers dans un vers de vent,
jaillit d'un univers divin
où le bitume est aux abois,
celui que nul n'invoque en vain,
qu'on nomme l'aiguilleur de bois.
Juché sur le plus haut des chênes,
il mène alors à la baguette
de coudrier (dont il déchaîne
un concerto de faîte en fête),
la transhumance des essences,
leur audacieux pèlerinage
vers des plaines pleines de sens,
bordées par de savants rivages.
Puisque la pomme est fruit de l'arbre
et que la sève est le sang d'Eve,
la confiture, à la rhubarbe,
et du bois dont on fait les rêves,
l'aiguilleur guide son troupeau
porteur des branches du savoir,
vers les enfants et les ados
qui ont le monde à percevoir.
mercredi 23 septembre 2009
L'écho lecteur d'un pot-pourri
si le temps m'est encore donné
de presser ce jus dont j'enivre
celui qui s'y est adonné ?
Qu'importent les jours de tristesse
et tous ces refus essuyés
si de mes versets la justesse
chante à ceux qui l'ont essayée ?
S'il n'en était qu'un dont l'emploi
curieux, serait de me relire,
s'il en était deux que l'on ploie
sur ce que j'ai pu manuscrire,
traduisant de la voix, les voies
aussi que j'ai su parcourir,
du flambant dard d'un tel envoi
je me laisserais empâlir...
Lecteur, sans qui je ne suis rien,
fais-toi l'écho sur les parois
de mes papiers épars, saurien,
file au creux de mes désarrois !
Deviens le collecteur d'un peu
des journaux passés de ma vie,
le perpé-tueur à gages de voeux,
l'écho lecteur d'un pot-pourri !
mardi 22 septembre 2009
L'arracheur de don
Certains l'appellent "professeur",
tant il est vrai que l'on professe
ces phrases que le con fait sœurs
de quelques coups de pied aux fesses.
Certains l'appellent par son nom,
ou bien "monsieur", ou bien les deux,
parfois, osés, par le prénom,
le familier, c'est hasardeux...
Mais quand il nous sort du néant
où l'on pourrait se compromettre,
nous apprend les pas du géant,
je crois qu'on peut l'appeler "maître".
C'est une tâche bien ardue
que d'ouvrir un adolescent
non pas au monde où les arts tuent,
mais au sien propre où il les sent.
C'est une tâche bien ingrate
que de former sans déformer,
de révéler là où ça gratte
sans jamais rien égratigner.
C'est une tâche indélébile
qu'il laisse au cœur qu'il révéla,
très loin des partitions débiles,
de ces par-cœur qu'on ânonna.
Personne ne se rendra compte
de ce que fut sa fondation,
le sous-sol appartient au conte
lorsque s'érige une passion.
Personne à part ces quelques rares,
ne l'ôtera de cet oubli
qui frappe comme le curare,
aux portes des vies que tout plie.
Personne ne compatira
de son mot "fin" sous l'édredon ;
du rien, je sais qu'il m'en tira,
oui, comme un arracheur de don.
jeudi 17 septembre 2009
L'essoufleur de vers
Il les a fait courir par cents
sur du papier format Seyès,
depuis qu'il est adolescent
et jusqu'au seuil de la vieillesse.
Il les mit à sueur et à sang,
souvent porteurs de ses détresses,
dans leurs doux sons s'entrelaçant
à en pouvoir natter des tresses.
Il les a mis au pas lassant,
messagers d'amours et de liesses
pour ces regards opalescents
lui jetant quelque fois la pièce.
Il mit ses vers à la torture
de lieues de vies vues à l'envers,
de kilomètres d'écriture,
du sens qu'il en a découvert.
Puis il a forcé leur nature,
comme les cordes d'un trouvère,
l'instrument de littérature
s'en est trouvé toujours plus vert.
Ils sont sa trousse de couture,
Dieu sait encor qu'il persévère,
écartelé par ces sutures,
car tel est l'essouffleur de vers.
samedi 12 septembre 2009
Les petits mots
comme on effeuille des pétales,
ou comme on souffle dans le vent
les pissenlits, les astérales.
Et telle une poussière d'étoile,
le petit mot s'envole aux nues,
ailé de plumes ou de poils
piqués aux tableaux qu'on dit « nus ».
Il y parvient avec ses frères,
car seul, il serait orphelin
de celui qui en est le père
et qu'on appelle « l'écrivain ».
Nous libérons de nos phonèmes
des escadrons de libellules
au libellé de nos poèmes,
là où celui qui lit pullule.
De ces insectes en nuages,
fourmillement de caractères,
vont de naufrage en naufrage,
nos pensées dans des phylactères.
Grésillements de la machine,
picotements sur les claviers,
de l'Alaska jusqu'à la Chine,
ils s'amoncellent ces graviers.
Puisque la pierre vaque au tas,
il faut se faire une raison !
Dans quel état (le Dakota ?)
gérer du verbe l'oraison ?
Laissez, pour parodier quelqu'un,
venir à moi les petits mots !
Massacre au sein d'un baldaquin,
ils sont nos combats optimaux.
dimanche 6 septembre 2009
La ballade des demoiselles du temps jadis
Je ne ferai pas liste ici
de pécheurs ni de pécheresses,
mais il n'y a, parlant de lit,
pas que les listes que l'on dresse...
Et des images que l'on traîne,
que reste-t-il sans leurs mamelles,
tant d'une bergère lorraine
que de sa vraie fausse jumelle ?
Regards d'une métisse ancienne,
d'une petite naufrageuse,
baisers de blonde vénitienne,
pulpeux azurs, voies hasardeuses...
Et l'amour continue sa route,
on ne revit pas pour autant,
non, rien n'empêche les déroutes,
Mais où sont les vierges d'antan ?
J'ai fait de fée de feu foncé
l'oubli de brune aux yeux d'hier,
de vraie phocéenne, enfoncé
le clou de belle ferronnière,
m'offrant ma grêle de rousseur,
j'ai aussi vu le rayon vert,
des cieux noisettes à toute heure,
et des hôtesses éphémères.
S'il faut chercher l'élue divine
ou quelque autre dame à la rose,
une métisse émue câline,
l'obscure amie des chambres closes,
mieux vaut regarder vers demain,
non sans s'interroger vraiment,
sur ce qu'il reste de ces mains
s'étant serrées sur leurs serments...
samedi 5 septembre 2009
L'insuffisance
La suffisance, amie,
N'est pas d'en dire l'impatience !
Mais de ce même dit,
Juger en toute âme et conscience...
Quant à l'insuffisance,
Elle n'est, de tristes oublis,
Qu'un brin de préférence
Qui nous éloigne de la vie !
Les petites lumières
Dont nous foisonnons à l'envie
Nos si tristes chaumières,
Fourmillent d'huile et de lavis...
Et les petits espoirs,
tels des bateaux qui font la roue,
se font bateaux-lavoirs,
Bateaux battus que le temps roue.
Une petite fille...
Des déserts nus de solitude...
Les feux de ces pupilles
Effarent les corps les plus rudes !
Se tendent cordes raides,
Pour que de fous équilibristes
tentent encore un raid
Sur quelques partitions autistes...
Pourtant la vie avance
Et les minutes font émaux,
Émasculant la suffisance
Et laissant place aux mots.
B.A BA du WEB
Et mon débit est haut
Mais dans nos beaux débats
Bidons y'en a des mots !
Y'en a des mots badins
Dans des boudoirs blogueurs
Des bouts de bonheur et de bien
Debout de bonne humeur.
Des bons dieux boudinés
Dodelinant dans des bombonnes
Et dans les bas déboutonnés
Des belles Babylones.
Ton débit est bas
Et mon débit est haut
Mais c'est de haut en bas
Qu'on embobine les bedots.
Le web et les badauds
Dodo dit la bande à Bono
Bla-bla de libido
Ton bisou l'est plus beau !
jeudi 13 août 2009
L'allumeur de rêve, Herbert.
samedi 1 août 2009
Les voleurs d'enfance
mardi 16 juin 2009
Verre de Champagne
Verr' de rouge ou verr' de blanc ?
Dans un bistrot, sur une table,
Question posée communément,
Comme un coup d' pied dans un cartable...
Verr' de rouge ou verr' de blanc ?
En attendant le marchand d' sable,
Regardez jouer les p'tits enfants
Et laissez-les sortir de table !
Verr' de rouge ou verr' de blanc ?
Je préfère un verre de vin,
Le ventre rond d'une maman
Et son bébé tétant son sein.
Verr' de rouge ou verr' de blanc ?
Vert d'espérance en mon destin,
Rouge de colère lorsque je sens
Qu'ils veulent m'enlever ta main.
Mais c'est fini ça maintenant,
Tu es mon pays de cocagne,
Et quand j'y s'rai, mon ange blanc,
Pour moi ce s'ra verr' de Champagne !
vendredi 6 mars 2009
La comptine des trois soeurs
Je connais deux soeurs Brontë,
Où est la troisième ?
Où est la troisième ?
Je connais deux sœurs très douées,
Où est la troisième ?
La troisième s'est envolée !
Elles écrivent sans se stresser,
Où est la troisième ?
Où est la troisième ?
Elles écrivent sans se presser,
Où est la troisième ?
Elle ne va pas les dépasser !
Elles s'dépensent sans compter,
Où est la troisième ?
Où est la troisième ?
Et elles écrivent sans compter,
Où est la troisième ?
Sans compter le nomb' de pieds !
Je connais deux sœurs Brontë,
Où est la troisième ?
Où est la troisième ?
Je connais leurs maux légers,
Où est la troisième ?
La troisième veut les imiter !
La première elle s'appelle Audrey,
Où est la troisième ?
Où est la troisième ?
Elle fait tout' seule les mots jongler,
Où est la troisième ?
La troisième s'en est emparée !
Puis Stéphanie qui vient après,
Où est la troisième ?
Où est la troisième ?
Elle habille les mots comm' des poupées,
Où est la troisième ?
Elle vient les déshabiller !
Je connais deux soeurs Brontë,
Où est la troisième ?
Où est la troisième ?
Qui en s'lisant vont bien s'marrer,
Où est la troisième ?
Car la troisième est transsexuée !
Je connais quelques secrets,
Où est la troisième ?
Où est la troisième ?
De leurs cœurs sur des lignes posés,
Où est la troisième ?
Car c'est un frère en vérité !
Je les aime bien les sœurs Brontë,
Où est la troisième ?
Où est la troisième ?
Leur écriture en parenté,
Où est la troisième ?
En train de finir ce couplet !