mardi 24 novembre 2009

Simulateur de viol

Le vol à voile est au planeur,
le viol en voile est au spleeneur,
en voile impudique à la scène,
théâtre des passions malsaines.
En voile d'une pluie moisie
dont le rideau sans lui, moi si !
ne décrit plus rien d'autre que
des goûts déplus et variqueux.

Parler de soi, c'est une impasse !
si l'on oublie que le temps passe,
et qu'au présent les confessions
du trouble et de la contention,
conduisent à des camisoles,
comme on dit que la came isole :
l'égocentrisme est la prison
des chansons que nous méprisons.

Pleurer sur soi se fait en douce,
loin des regards, lorsque l'on tousse,
qu'on est rongé par un cancer
aux métastases chélicères ;
la poésie est pour la vie
qui reste, en cultivant l'envie
de l'autre, en l'emmenant ailleurs
des tombes dont on a tailleurs...

J'ai tant traîné sur Internet :
j'ai découvert de grands poètes
et d'impudents imitateurs
de nos géniaux agitateurs.
Nul ne s'invente Baudelaire
et le spleeneur dans son enfer,
des vers dont il se patafiole,
est un simulateur de viol !

jeudi 19 novembre 2009

Le cordon




Ce matin-là je n'eus pas, las,
faveur inaugurale, hélas,
de me voir couper l'ombilic
de père au vague à lame oblique ;
relié de trop près à sa mère,
comme un beau cadeau métamère,
je laissai donc à son office
celle qui me tendit mon fils.

Ce sont passés déjà neuf ans,
le temps passe comme le vent,
mais laisse son empreinte ignée
mieux que fers aux œuvres signées,
mieux que forceps, accouchement,
mieux que biceps en couches ment,
mieux que je ne saurais l'écrire,
moins bien que l'amour qu'il inspire.

Ce matin pluvieux de novembre,
quand d'une idée vinrent des membres
et l'âme qui les accompagne
du ventre rond de ma compagne,
je n'eus d'éclaircie que l'azur
des bleuets de son regard pur,
et de mes larmes contenues
le bain de ce petit corps nu.

Ce sont passés déjà neuf ans,
le bébé garçon devenant,
marchant, parlant, pleurant, pêchant,
sans que jamais ne m'empêchant
nul éloignement de chevet,
de ce que filiation revêt,
ni nulles lieues de sacrifice
à le considérer mon fils.

Ce matin pluvieux de l'automne
et dont Verlaine fit des tonnes,
il reste à nous tant que l'on tord
entre messieurs Pratt et Victor,
les doux mouchoirs de ton prénom
et les espoirs dont tu pris nom,
comme les linges qu'on essore
du premier bain dont j'eus le sort...

Ce sont passés déjà neuf ans,
pourtant, de ce premier levant,
ce sont tant d'autres à venir
qu'il faut songer à l'avenir.
De mon amour inexpugnable,
je dois t'écrire l'indéniable :
il nous faudra couper, mon fils,
le cordon pour que tu grandisses.

jeudi 5 novembre 2009

M est Moi





Quand je m'y accroche à la lettre,
à la putain de mandibule
qui m'est Rien à défaut de l'Être,
je ponds des versets et des bulles !

La maladie de l'écrit s'attrape
en postillons de mort restante,
en alexandrins de satrapes,
en Samarcandes sans patentes !

Je crie sur un ring comme on boxe,
à coups de poings, à coups de grappes
fleuries de mots dont je m'intox'
avec ma gueule en sac de frappe !

Je suis ptérodactylographe :
mes L sont des Liens écorchés
aux gouffres de mes paragraphes,
et de mes cordes cravachées.

Mais je m'envole au firmament
de tant d'étoiles scapulaires
que même en tant qu'infirme amant,
j'en vendange un muscat polaire !

Papier glacial ! Décalotté !
En mal d'aurores boréales,
il colle à mes déculottées,
à ma galère, à nos réales...

Faut-il crever des résonances ?
Percer les caisses de guitare ?
Estafiler les assonances ?
Ou ravauder toutes nos tares ?

M est Moi, et P est épais...
Pourquoi faut-il avoir des lettres ?
M est Moi, M est Moi, siouplait !
J'en banderai mes arbalettres !

M est Moi, et P est Pelé...
Couronnons le roi des fous d'bol !
M est Moi, M est Moi, fêlé :
Laissez aux cloches leur obole !