lundi 26 juillet 2010

Le chaumeur

Je suis fauché comme les blés
et mes semailles ont tout faux,
puisqu'à part ça rien n'a germé,
c'est un salaire qu'il me faut !

Je n'ai pas même un vrai métier
à teaser quelque bonne humeur,
rien que l'idée que vous m'aidiez
me ramène au sort de chaumeur :

voyez la paille dans mon œil,
ma faucille est rendue marteau !
Bientôt la soupe au bon accueil
sera ma ration de prolo...

Me faut-il rempailler les chaises
après avoir purgé ma peine ?
Pour que le bourgeois soit à l'aise,
le chaume à son cul dit « Amen ! »

Tout est pouvoir et soumission,
et le breuvage est à l'oseille !
Car dans tant de compromissions,
pas un clown n'a le nez groseille...

Chacun cultive son jardin
en détournant les eaux des autres,
le président en est le nain
et dans les zoos sont ses apôtres.

Et puisqu'il faut faire du foin,
on fait appel à ces chaumeurs
que l'on dit revenus de loin,
pour qu'à la tâche ainsi se meurent...

Oh, ma complainte est misérable...
mais le couperet que j'agite
et qui me tombe sur le râble,
menace aussi ceux de l'élite.

jeudi 22 juillet 2010

Petits quatrains qu'on trop embrasse et mal étreint

Si la masturbation
est à l'entraînement
ce que l'accouplement
est aux compétitions,

si tant de bovarysme
étouffe nos pudeurs
et que jusqu'à plus d'heure
on fait d'un boul'vard isthme,

si les sexes se serrent
comme le gras des fesses
dès lors que l'on professe
autrement qu'au dessert,

Laissez glisser les rimes
sur les décolletés
et les déculottées
au creux de nos déprimes.

lundi 1 mars 2010

Après l'amour





Que reste-t-il après l'amour ?
quelques clopes qui se consument ?
sans que jamais nous cons ne sûmes
comment qu'on s'aime pour toujours ?
Que reste-t-il après l'amour ?
sinon qu'un constat fratricide
de deux cœurs baignant dans l'acide
qu'ils irradient de leurs maux lourds ?

Que reste-t-il de nos passions
lorsque leur jus fut soutiré ?
que les jolis dessous tirés
à quatre épingles sont rations ?
Que reste-t-il de nos passions
lorsque leurs fruits se sont moisis
dans la corbeille où l'un choisit
le sein de l'une et l'émotion ?

Que reste-t-il de nos promesses ?
des lendemains de scienc' friction ?
et de nos vaines convictions
que l'on prêchait comme une messe ?
Que reste-t-il de nos promesses ?
des avenirs en portefeuille ?
des marguerites qu'on effeuille ?
des collections d'histoir' de fesses ?

Que reste-t-il après l'amour
sinon ses traces sur les draps
et ses odeurs au creux des doigts ?
Tout se nettoie même les fours !
J'ai sanglé les violons d'octobre
dans le sanglant étui du jour,
car quand n'est plus ce sale amour,
Il ne nous reste qu'amour-propre.

jeudi 11 février 2010

Grandir





À ma fille fAnna' des chevaux,
à mon fils, éminent zHugologue,



C'est l'histoire, ou plutôt, c'était la préhistoire
de l'hyracotherium, du rêve péremptoire
de ce petit bonhomme haut comme trois sonnets,
et de ce Dieu dévot auquel il vint sonner.

« – Dieu ! Je veux devenir un périssodactyle !
– Mais n'as-tu donc point peur que périsse – ô tactiles –
tes doigts dans la gageure ? en un choix trop facile,
tes sens à l'avenir, des membres préhensiles ? »

« Je veux mieux qu'un lapin, découvrir les arpents,
plus vite qu'un zéphyr, me changer en tarpan,
Je voudrais devenir cheval de Przewalski,
au piano de Chopin, plus vite que les skis ! »

Et comme Dieu, tout pâle, eut dit « à tes souhaits ! »
il sut en cet instant qu'il devait l'exaucer ;
puis tant qu'en repartant, fier de son tour bien fait,
Dieu dit au p'tit cheval d'aller s'faire ongulé !