lundi 24 mars 2014

MISS CAROLE (republication de ce texte de mars 2006)

Miss Maggie by Renaud on Grooveshark



Dans l'univers télévisuel
Dont on rempli not' pauvre vie,
Il n'y'a pas chose plus cruelle
Que les programmes que l'on subit..
Passé le taf' et ses emmerdes,
Les heures de métro déconfit,
Comm' un canard rejoint sa merde
Devant la lucarne, alanguit...
On voit défiler les images,
Excusant nos pannes de chair,
Et les migraines des mirages,
Surtout les yeux d'Carole Gaessler !

Tous deux tranquillement vautrés
Au prime time d'un plateau repas,
Une fois les enfants couchés,
On va dévorer le rata...
Des catastrophes naturelles,
Du sang, des larm', des attentats,
Et des simagrées culturelles
De ministres en panne de voies...
Mais dans les urnes cathodiques
De l'audimat anti-matière,
Il y'a du vide romantique,
Mais y'a les yeux d'Carole Gaessler !

Ce soir c'est la prise de risque,
C'est champion's league ou Delarue,
Il faudra bien changer de disque,
Sinon c'est finir à la rue...
Mais tout' la s'maine c'est la musique
Du couple qui s'emmerde en vain
A trouver le programme unique
Qui va le le mener à sa fin...
Car aucune vie ne vaut la mire
Qui s'affiche au dessert,
Sans Chantilly, sa couleur vire
A cell' des yeux d'Carole Gaessler !

Dans les sit'coms, dans la star ac',
Y'a du fantasme à petit prix,
C'est un acide et ça attaque
Autant les grands que les petits...
Et pour passer à la télé,
On tuerait père et mère et mie,
Sans se soucier du sang versé
Pour des secondes au "juste prix"...
Et dans nos marasmes passifs
De spectateurs assez vulgaires,
Rien ne rattrape les poncifs,
A part les yeux d'Carole Gaessler !

Fini le rêve évanescent
De la speak'rine endimanchée,
Faut consommer les cent pour cent,
Truffés de la publicité...
Plus rien ne nous remue le sang,
Pas même les pannes de jus,
Quand ça arrive il faut vraiment
Trouver l'eau vive à nos accus...
Car solitude et désespoir,
Dans ce grand monde solitaire,
N'ont que la couleur des miroirs,

Mêm' pas des yeux d'Carole Gaessler !

lundi 10 mars 2014

Arthur (Chanson)

Big My Secret by Michael Nyman on Grooveshark


Souvenez-vous, vos dix-sept ans, 
étaient-ils durs ou consentants ? 
Etiez-vous Paris-anarchistes 
ou d'un Harlem mal socialiste ? 
Rappelez-vous - adolescent - 
des passés dépecés, de sang, 
puis des reflets opalescents 
des fées d'un poète indécent : 
ses vert(es) et ses pas mûr(es) insistent, 
la jeune France est pas raciste ! 

C'était, Arthur, un beau garçon, 
par rapport au vilain Villon 
qui nous comblait de macchabées, 
danse macabre à Montcorbier... 
C'était, Arthur, un beau dealer 
de poésie qui nous dit l'heure 
affichée par un Baudelaire 
addict aux grisailles de l'air. 
C'était, Arthur, un beau naufrage, 
où n'eurent point l'égal de l'âge 
- puisque le sexe est bien vers l'aine - 
les sanglots longs de Paul Verlaine. 

La page usée garde la trace 
des gladiateurs issus de Thrace 
et des lutteurs dont l'éternelle 
écorchure est la ritournelle ; 
redevenez donc communards, 
enfants destinés comme un art ! 
L'intellectuelat des connards 
sera cauchemar aux canards ; 
que le fouet de Lamartine ait 
sagacité d'un martinet. 

C'était, Arthur, un beau garçon, 
par rapport au vilain Villon 
qui nous comblait de macchabées, 
danse macabre à Montcorbier... 
C'était, Arthur, un beau dealer 
de poésie qui nous dit l'heure 
affichée par un Baudelaire 
addict aux grisailles de l'air. 
C'était, Arthur, un beau naufrage, 
où n'eurent point l'égal de l'âge 
- puisque le sexe est bien vers l'aine - 
les sanglots longs de Paul Verlaine. 

Nous fûmes un Cigarillo 
aux lèvres des plus grands idiots, 
et l'illusion d'une cibiche 
à celles des plus belles biches ; 
si nous étions adulte enfant, 
c'était pour être un cerf en faon, 
et le mirage enfin défend 
notre mémoire d'éléphant. 
Nous vivons pareils à l'aurore, 
nous relevant de Maldoror. 


C'était, Arthur, un beau garçon, 
par rapport au vilain Villon 
qui nous comblait de macchabées, 
danse macabre à Montcorbier... 
C'était, Arthur, un beau dealer 
de poésie qui nous dit l'heure 
affichée par un Baudelaire 
addict aux grisailles de l'air. 
C'était, Arthur, un beau naufrage, 
où n'eurent point l'égal de l'âge 
- puisque le sexe est bien vers l'aine - 
les sanglots longs de Paul Verlaine.

vendredi 7 février 2014

L'impermanence





Nous ne nous voyons pas vieillir,
inaugurer les chrysanthèmes
qu'à force ignoble d'avilir
on cède en pétale aux « je t'aime » ;
mais
née de promesse impermanente,
errant au creux de nos synapses,
je n'ai su quelle eau rémanente
ôter de nos lourdeurs relapses.

Elle irradiait comme un cancer
en ré mineur et do meurtri,
comme un wagon carré qu'enserre
un démineur que l'humeur trie,
ou
ces mécréants pourris d'artistes
qui soldent leurs dents pour de l'or
et du sable au lieu d’améthyste,
et des couleurs pour l'incolore.

L'eau lourde avait une période
issue de l'horloge atomique :
avalant nos comprimés d'iode,
« à l'aide » était cri famélique,
et
se mesurant au sablier,
le colosse au guêpier d'argile
offrait le choix de s'oublier
comme nous attendons d'Achille.

Puis le vent souffla la tempête,
un nuage enfla de mes phrases ;
un tonnerre imprimant trompette
aux partitions de nos emphases ;
donc,
nous n'étions plus que des baleines,
et par appui, de grands plongeurs,
des infinis au fond des plaines
et des fantasmes en gageure.

Où sont nos monstres bienveillants ?
Où sont l'Hydre et le Basilic ?
Où sont nos rêves réveillant
l'envers qui nie notre ombilic ?
Or,
Ces questions sont un univers
à l'endroit des lourdeurs humaines,
et Liliputh à Gulliver,
autant de cidres à Chimène.

Si tout le monde triche autour
d'un jeu fallacieux qui mendie
la présence des fous, des tours,
mais pas des rois ni des non-dits,
ni
des pauvres reines invasives :
elles sont seules à régner
sur quelques toiles abrasives,
mais pas sur ce que vous craignez...

Parfois, la procrastination
s'avère être un fruit défendu :
pour un vers, Adam, damnation,
pour Ève haine aimant des fendues,
car
n'est pas prévu la moindre entracte
en nos agendas cirrhosés,
tant que le temps se décontracte
dans une goutte d'heure osée.