mercredi 16 septembre 2015

La pauvreté




La pauvreté, je la connais bien.
Mais elle a plein de formes la pauvreté :
Elle peut être à des vauriens
Construits depuis l'honnêteté
Elle peut être évidemment pécuniaire
Comme en des républiques bananières
Mais également intellectuelle
Bien loin des feux de Ramatuelle
Elle peut être de l'âme
De fond
De femme
Et de large en long
Elle peut être du langage
Ou peut-être de l'âge
Lorsque le cœur mendie
Et que plus rien ne m'en dit
Elle est peut-être sur nos râbles
En nous faisant ses misérables.

samedi 1 août 2015

Le sale air de rappeur






Moi, j'aurais bien voulu du sale air de rappeur,
à slamer acclamé par la foule en délire,
avec mon porte-mine et mes yeux de sniper,
pour troquer par du Ska la belle ode à la lyre...

Je l'aurais mérité le sale air de rappeur,
bien chargé ça comme en tri-nitroglycérine.
Hé ! Mon camion n'est pas à voile ou à vapeur
et mes textes ne sont pas finis dans l'urine.

Mes bébés sont l'acide où je charge un accu',
les batt'ries d'ma cuisine où je sers de timbale,
face à ce monde odieux où deux/trois trous-du-cul
se servent du symbole en guise de cymbales.

Alors de mes mots l'Art, leur grand corps psychopathe,
se crashera dans l'ombre de l'ardu labeur,
changeant en cochonnet l'animal à cinq pattes
justifiant illico son sale air de rappeur.



samedi 25 juillet 2015

Le Pont Romain






Comme un vieux con sur un vieux pont,
j'écris l'écho du temps qui passe
comme un ruisseau qui lui répond
quand le vieux pont n'est plus qu'impasse.

J'avais dit-on, de l'or aux mains,
dilapidé en fils prodigue,
car sous mon arche un pont romain
n'aura pas su dresser de digue.

Jamais dicton n'ira si bien,
ni parabole à cette élite
incapable à garder ses biens
comme un vieux pont qui se délite.

Pourtant des quelques vieilles pierres
tenant encore un peu debout,
on oublierait la mise en bière,
puisqu'elles joignent les deux bouts.

C'est à ça que sert un vieux pont
quand bien même fut-il en ruine :
c'est souvent quand nous dérapons,
à franchir des torrents de bruine,

à s'évader de sa Jeunesse
sans pour autant l'abandonner,
car du vieux pont c'est la prouesse :
il peut d'un âge randonner.

Et tout surnage alors de lui,
si bien qu'il chût, quoique il dérive,
l'astral éclat dont il a lui
en nous poussant vers l'autre rive.

lundi 20 avril 2015

L'être anonyme

With You by Smoke City on Grooveshark


Égaré le nom de ma ville,
Égarées mes amours éperdues,
Égarés mes choix difficiles
jouant Don Juan-les-Pins perdu ;
égaré même en vrai mon nom
dans le sable blond vénitien
de son sourire où son prénom
retint le mien du tien, du sien.

Je me suis alors décidé
– par avant portant l'avenir –
et par étambot déridé
de saillir les proues à punir
par la poupée de son du blé
que l'on ramasse à la mousson
des petits ports que l'on déblaie
et des p'tits noms qu'nous amassons.

Puis j'ai laissé La Baule aux niaises
(à leurs gestations balnéaires),
leurs seins – brève intention sans aise –
aux bals des pompiers linéaires,
déroulant les longs spaghettis
de leur pompe à tube exotique
(hormis dans le Serengeti,
hormis de manière extatique).

J'ai dessiné (j'aidais Siné),
J'étais Charlie, j'ai tes chars lus
par des tombereaux destinés
à cuire en des papiers alu',
un peu comme les juifs aux camps,
comme les arméniens du rien,
comme un dernier des Mohicans
ou des otages sahariens.