Je soutenais la thèse
qu'avec
ma Raie pour les maq'relles
et
ma Craie pour les marelles
j'étais en mesure anglaise
de prendre mon pied sans en sucer le
pouce
ni la prothèse
et de tracer en douce
les lignes de la Récréation.
La sonnerie du hall
de l’École
– dont on sait pertinemment
qu'elle vient du train
dont l'arrêt créa Sion
et son prieuré (création) –
retentit tintinnabulant d'une teinte
inhabituelle
aux couleurs de ma palette de sons
délivrés.
Il y avait des craies roses, d'autres
bleues,
décrets d'application, décrets
autonomes
issus d'une loi organique et à
l'article de la mort
numéro inconnu sous l'arc à souder
la fraternité
dans une cour de château de cartes.
J'avais dix ans et ma cagoule
bien repliée à l'intérieur
d'elle-même
– ainsi que mon âme (colis massé) –
était un ballon de rugby,
et les lignes de la marelle :
vingt-deux mètres !
En-but !
Engagement !
Dix traits de dix ans distraits
dont l'art est création.
De ma salive, j'avais lissé
les gravillons
pour qu'ils épargnent les ronds
de nos gilets et pantalons
si peu javellisés
qu'aujourd'hui nous craindrions le pire
pour une telle progéniture !
Dur dur !
La couple de calots d’agate
traînant de part et d'autres d'une
paire de couilles de gosse
dans les poches mon bermuda de juin,
justifiant de l'écorchure d'un couple
de genoux,
rappelait forcément la couleur
vert-noisette
de mes mirettes ;
les pétards semés dans les crottes de
chien,
le chemin latéral aux rails du PLM
qui nous conduirait un jour à la
planète Marseille et à la Coupe des Champions
jusque hallali !
Parfois, je me dis
que la vie
lavis
n'est qu'un vernis
plus ou moins chanceux,
que Lard et Craie, actions,
ne sont qu'enveloppe artificielle,
et que la vérité se trouve dans les
heures de Classe
de contrôles
qui les encadrent ;
à moins que...
la Récréation ne soit
FINALEMENT
que l'acte suprême de se réinventer
dès le Départ.