jeudi 13 août 2009

L'allumeur de rêve, Herbert.


Je m'appelle Herbert, et j'ai trente-six chandelles,
quand j'aurai trente-sept, ferai comme Rimbaud,
suis allumeur de rêve, épouseur d'hirondelles
que je suis dans leurs vols, de bagues d'airain beau...

On me dit bon aryen, mais aussi mal armé
pour les bris de la vie qui sont du vers pillé,
mais s'il eut fallu que l'on supprimât l'armée,
je serais des soldats qui sont éparpillés.

Je tricote en secret, dans les longs hivers, laine
d'un mouton qu'un été me légua ma sainte ex,
des gilets de chansons d'automne de Verlaine,
pour un prince en exil, l'empruntant à Saint-Ex.

Je fais des cliquetis pour la fée l'éclectique,
des mouvements d'horloge où mes bras sont aiguilles,
signes de directions pris tels tocs ou tels tics,
puisqu'elle filera comme fait une anguille...

Je suis si compliqué à lire et à comprendre,
que j'entends souvent : « Oh ! Mais y'a qui cause qui ? »
Mais des voyages que je voulais entreprendre,
il ne m'était que l'ombre de Maïakovski...

Ou de Cendrars, peut-être, ou bien de Baudelaire...
Le voyage n'est beau que lorsqu'il se raconte,
et que l'on nous répond (quoique il soit beau) : « de l'air ! »
Les semelles devant ? Ils me sont tant qui comptent...

Alors, heureux, il allume le rêve, Herbert,
et les gens sont contents, leurs yeux brillent d'étoiles,
comme dans les bédés, tu sais, l'astre éphémère
à huit branches, au coin des cornées et des voiles.

Je m'appelle Herbert, éteins trente-six chandelles,
et trente-sept aussi, je ne suis pas Rimbaud,
mais,inspiré, lorsque je vous parle d'Elle,
je ne crois pas avoir, des pieds, le quatrain bot...

Je voulais lui dire enfin, en allumant son rêve,
chacun de mes poèmes m'est un autre enfant
- j'en ai écrits sans fin, passionnément, sans trêve -,
Et plus il est moins beau, et plus je le défends !

samedi 1 août 2009

Les voleurs d'enfance

Je sais des univers
Tournant sur eux mêmes
Des planètes "je m'aime"
Dépourvues de lumière.
Je sais difficile
D'accepter leur dictat
Que la Terre soit plate
Ou l'océan fragile.
Je sais tous les maux
Des enfants la douleur
Quand on les prive des leurs
Parce qu'il le faut.
Et que l'autre reste
A ranger sa rancœur
A ravaler ses pleurs
Comme on tourne une veste.
Je sais dorénavant
Que la vie est mal faite
Quand elle arrive c'est fête
Mais on vous la reprend.
De nouveaux kilomètres
S'amassent au compteur
De mes deux petits cœurs
De mes deux raisons d'être.
Dans ce Paris si grand
Qu'on y perd son latin
Je les imagine chagrins
De notre éloignement.
De ces morceaux d'enfance
Qu'on vient leur dérober
Je voudrais m'assurer
De combler la carence.
J'écrirai des livres
De lumière absolue
Afin que jamais plus
De ce père on vous prive.
Et toutes mes poésies
Resteront à jamais
Autant de baisers
Déposés sur vos nuits.
Je sais des autoroutes
Avec vous qui commencent
Et dont les contresens
Autorisent le doute.
Mais rempli de l'amour
Que je garde pour vous
Je sais bien qu'après tout
Viendront de meilleurs jours.