Je m'appelle Herbert, et j'ai trente-six chandelles,
quand j'aurai trente-sept, ferai comme Rimbaud,
suis allumeur de rêve, épouseur d'hirondelles
que je suis dans leurs vols, de bagues d'airain beau...
On me dit bon aryen, mais aussi mal armé
pour les bris de la vie qui sont du vers pillé,
mais s'il eut fallu que l'on supprimât l'armée,
je serais des soldats qui sont éparpillés.
Je tricote en secret, dans les longs hivers, laine
d'un mouton qu'un été me légua ma sainte ex,
des gilets de chansons d'automne de Verlaine,
pour un prince en exil, l'empruntant à Saint-Ex.
Je fais des cliquetis pour la fée l'éclectique,
des mouvements d'horloge où mes bras sont aiguilles,
signes de directions pris tels tocs ou tels tics,
puisqu'elle filera comme fait une anguille...
Je suis si compliqué à lire et à comprendre,
que j'entends souvent : « Oh ! Mais y'a qui cause qui ? »
Mais des voyages que je voulais entreprendre,
il ne m'était que l'ombre de Maïakovski...
Ou de Cendrars, peut-être, ou bien de Baudelaire...
Le voyage n'est beau que lorsqu'il se raconte,
et que l'on nous répond (quoique il soit beau) : « de l'air ! »
Les semelles devant ? Ils me sont tant qui comptent...
Alors, heureux, il allume le rêve, Herbert,
et les gens sont contents, leurs yeux brillent d'étoiles,
comme dans les bédés, tu sais, l'astre éphémère
à huit branches, au coin des cornées et des voiles.
Je m'appelle Herbert, éteins trente-six chandelles,
et trente-sept aussi, je ne suis pas Rimbaud,
mais,inspiré, lorsque je vous parle d'Elle,
je ne crois pas avoir, des pieds, le quatrain bot...
Je voulais lui dire enfin, en allumant son rêve,
chacun de mes poèmes m'est un autre enfant
- j'en ai écrits sans fin, passionnément, sans trêve -,
Et plus il est moins beau, et plus je le défends !