lundi 21 décembre 2009

Aléa

C'est un petit trou de grisaille
où l'autre hiberne certains soirs,
sans repriser les représailles
sur quoi lui ne peut s'asseoir.
C'est la face triste du monde,
l'odieux Janus est constipé,
et sa grimace quoiqu'il fonde,
est laide et stéréotypée.

Les jours s'en vont comme des herbes
lancées au vent pour l'humecter,
et nos provences se désherbent
des faims qui sont insuspectées.
Parfois l'orage tonne aussi,
son poids de plombs sur les plateaux
de la balance pèse ainsi,
pesant que de penser plutôt...

Les jours s'en vont, quoiqu'il en soit,
et le temps comme des bas file,
se moquant de tout quant-à-soi
et des humeurs aquariophiles :
laissez-lui le pouvoir du beau,
des éclaircies et du soleil,
si vous le pouvez, mettez haut
sa belle bannière arc-en-ciel.

mardi 8 décembre 2009

Calligrammairien







Calligramme de Guillaume Apollinaire


Ce fut auprès d'Apollinaire
que j'appris la calligrammaire ;
il n'en fit pourtant pas beaucoup
- mais l'un à s'en tordre le cou -,
inventant cependant le terme
qu'éclaire depuis sa lanterne,
dessus ces vers hypertrophiés
pour hasard dactylographié.

Lorsque la forme rend le fond
comme un vomi d'où se défont
par bribes de traits, les vers bleus,
portés par leurs replis sableux,
dès lors se forme le dessin
qui fut conquis par le dessein
de cet écrit que lui contient,
pour un entier soudain qu'on tient.

Point n'est besoin de faire un foin
d'avoir le calligramme inné !
J'ai dévêtu devant la paille
des poutres que nos yeux empaillent,
et des taxis épidermiques
frappés de la même mimique,
tout cela pour tracer « l'unique »
de ces poèmes symphoniques.

Or, c'est en eux que j'éprouvai
le plaisir qu'eux seuls me prouvaient,
tant dans l'écrit que dans l'avoir,
à la secousse de les voir ;
et si nos vies sont telluriques,
pétries souvent d'acide urique,
et si parfois plus ne m'est rien,
je reste calligrammairien.




Calligramme de Michel P©2009