mardi 22 septembre 2009

L'arracheur de don



à Bernard Blanc,




Certains l'appellent "professeur",
tant il est vrai que l'on professe
ces phrases que le con fait sœurs
de quelques coups de pied aux fesses.


Certains l'appellent par son nom,
ou bien "monsieur", ou bien les deux,
parfois, osés, par le prénom,
le familier, c'est hasardeux...


Mais quand il nous sort du néant
où l'on pourrait se compromettre,
nous apprend les pas du géant,
je crois qu'on peut l'appeler "maître".


C'est une tâche bien ardue
que d'ouvrir un adolescent
non pas au monde où  les arts tuent,
mais au sien propre où il les sent.


C'est une tâche bien ingrate
que de former sans déformer,
de révéler là où ça gratte
sans jamais rien égratigner.


C'est une tâche indélébile
qu'il laisse au cœur qu'il révéla,
très loin des partitions débiles,
de ces par-cœur qu'on ânonna.


Personne ne se rendra compte
de ce que fut sa fondation,
le sous-sol appartient au conte
lorsque s'érige une passion.


Personne à part ces quelques rares,
ne l'ôtera de cet oubli
qui frappe comme le curare,
aux portes des vies que tout plie.


Personne ne compatira
de son mot "fin" sous l'édredon ;
du rien, je sais qu'il m'en tira,
oui, comme un arracheur de don.

Aucun commentaire: